Révélations sur la fragilité de l'amphithéâtre
Si la presse a la mémoire des mots … lecture de l’article Sud-ouest du 21 février 1995
Lors de la réunion de quartier « Les Arènes » du 24 avril 2018, assurément présents dans la salle et ravis de la visite de Monsieur le Maire, nous avons eu enfin l’occasion de demander des nouvelles des projets municipaux autour et dans l’amphithéâtre.
Et c’est reparti pour un tour... Faute d’avoir de vraies nouvelles, nous avons encore droit au grand laïus, récurrent depuis septembre 2017, qui accuse, je cite « l’étroitesse de notre point de vue ». (En ce cas précis, nous posions juste la question « où en sommes-nous ?" ) Et recommence alors le discours rappelant que le programme fait partie d’un grand projet de restauration comprenant le prieuré Saint-Eutrope etc… etc...
Merci, pour cette re- re- dite ! Nous sommes parfaitement au courant pour le Prieuré Saint-Eutrope. Mais nous, membres de MediaCtions, disons aussi … 100 fois et plus depuis 7 mois que nous sommes les premiers à demander la restauration des deux sites, amphithéâtre et Prieuré Saint-Eutrope. Nous disons bien « restauration » ! Et nous demandons aussi la rénovation des lieux d’accueil touristique… De grâce, épargnez nous le discours « global allant du musée archéologique en passant par l’Unesco etc….» Nous refusons juste et simplement les gradins et la transformation du site en salle de spectacles. .. Mais plus qu’un débat, c’est encore et toujours un soliloque municipal !
Concernant les spectacles, il nous est rappelé que jadis, le monument recevait 10 000 visiteurs pour des spectacles et qu’il est ainsi « naturel » d’en prévoir 5 000 désormais. On nous précise en même temps que si les travaux ne se font pas, l’amphithéâtre ne sera plus qu’un tas de pierre dans 10 ans ! Propos étonnant …Quels travaux ? "Fragile mais des gradins quand même " ?
Et nous réexpliquons que justement, ce sont aussi cesdits spectacles d’autrefois qui ont contribué à la dégradation du monument. Ce qui se faisait hier ne légitime pas ce qui veut se faire aujourd’hui. Nos connaissances du site, ses spécificités de construction par rapport à d’autres amphithéâtres plus tardifs, son extrême fragilité ne permettant plus – justement- de faire comme hier. Avoir fait autrefois ne veut pas dire pouvoir faire aujourd’hui. Cela s’appelle juste « l’apport de l’expérience et de la connaissance ».
Et Monsieur le Maire de préciser que son projet de gradins a de toutes façons le soutien et la caution morale de la Drac et le partenariat de l’Université Bordeaux Montaigne, en la personne de Christian Gensbeitel, éminent Maitre de conférence – Docteur en histoire de l’art du Moyen Age.
Nous demandons donc à Monsieur le Maire comment comprendre les mots de Monsieur Gensbeitel, et de Monsieur Buisson, respectivement animateur du patrimoine et archéologue municipal en 1995 ? (Voir l’article de presse Sud- ouest du 24 février 1995) Epoque où l’on disait sans équivoque que les sonorisations étaient néfastes pour le monument et que l’état de l’amphithéâtre obligeait l'arrêt des représentations. Ce qui avait été le cas.
Tout sera encore possible bien sûr pour répondre à la publication de cet article. On va nous répondre que « mais oui, mais non ….nous n’avons encore rien compris et que ce qui était écrit hier n’est pas valable aujourd’hui ». Mais malgré notre "étroitesse d’esprit", sachant que rien ne s’est passé entre 1990 et 2018 en matière de restauration dans l’amphithéâtre, nous rappelons que le compte rendu des fouilles préventives ne pourra que nous donner raison et faire état de la grande fragilité du site, incapable de recevoir des gradins ( 5000 spectateurs dès 2019, selon la commande municipale).
Madame Liliane Arnaud, élue, oratrice lors de la réunion, a voulu nous rassurer disant que seuls des spectacles d’opéra auront lieu dans l’amphithéâtre !… Un vrai dialogue de sourds. Faute de compromis, le débat est clos à la demande de Monsieur le Maire.
J’ai donc l’honneur de demander qu’une réunion publique soit accordée aux citoyens (les habitants + 7500 signataires de notre pétition et 70 adhérents de l’association Mediactions) dès lors que les élus auront réception (ou ont déjà) du compte rendu des fouilles préventives.
Si les élus veulent vraiment se positionner en tant que « sauveurs » de monuments, la posture municipale doit être revisitée et prendre la forme d’un vrai débat, scientifique et progressiste, faisant état : 1. Des constats des archéologues, 2. De la réalité des projets municipaux 3. Des avis des citoyens. Il faut, quoi qu’il en soit, que cesse cette confusion stratégique et manipulatrice qui consiste à présenter les opposants aux gradins comme des personnes s’opposant à la restauration du monument.
Nous ne laisserons pas l’amphithéâtre devenir un simple enjeu d’éloquence et de campagne électorale. Politiques nous ne le sommes pas, cette accusation étant aussi un bien mauvais débat, mais il est par contre évident que les citoyens veilleront désormais à ce que la restauration et la protection de l’amphithéâtre fassent partie de vraies questions et du devenir de notre cité.
Bien cordialement à tous nos lecteurs.
Cécile Trébuchet,
Pour le conseil d’administration de Médiactions
29/04/2018
Pj à lire :
- Photos 1 et 2 article Sud Ouest du 21 février 1995 "L'amphithéâtre sous haute protection" – archives originales Sud-Ouest
- Photo 3 article Sud Ouest du 19/12/1994 "N'abimez pas nos arènes"
- Photo 4 article Sud Ouest du 06/05/1999 "Les arènes antiques"