Groupe citoyen pour la préservation des patrimoines culturels et naturels
« La collection LAPI DORT », n'est pas Lyon qui veut !
Notre association MédiaCtions a remis au centre des débats « tourisme, culture et patrimoines » l’importance de la collection lapidaire de Saintes, cité romaine, lors de sa conférence du vendredi 26 avril 2019.
Les éminents historiens, Pierre Tronche, auteur avec Gérard Moitrieux de « Saintes – La cité des santons et Angoulême » (Nouvel Espérandieu, 2017) et Alain Michaud ainsi que Noël Lauranceau, archéologue ayant participé à de nombreux chantiers de fouilles avec Louis Maurin, sont venus enrichir nos connaissances en tribune, grâce à leurs précisions et anecdotes.
Bien sûr la restauration et la valorisation de nos monuments sont une priorité, mais « le monument » ne raconte pas l’histoire de la ville à lui seul et c’est aussi autour de l’importance de la collection lapidaire de Saintes et l’urgence de sa présentation aux publics que la ville entière et ses citoyens doivent se mobiliser.
L’amphithéâtre
Si ce n’était l’erreur de la municipalité de vouloir transformer l’amphithéâtre en salle de spectacles avec l’installation de gradins en acier corten, nous serions tous très heureux de la restauration de l’amphithéâtre et de son inscription au loto du patrimoine. Restauration que nous demandons bien évidement depuis des années.
Mais c’est ne pas tenir compte de l’absence de l’étude acoustique pourtant promise par la Drac, étude qui doit attester en toute certitude que les futurs spectacles n’auront aucun effet en matière de vibrations et de répercussions sur la fragilité des structures lapidaires.
C’est ne pas tenir compte de l’importance d’une expertise post-restauration tant dans les domaines sécuritaires, que pour les risques de piétinement des architectures, pour une jauge présumée à 4000 spectateurs.
C’est ne pas tenir compte de la difficulté à transporter et installer des sonos et des projecteurs par les seuls accès existants, à savoir les escaliers et la porte Est du monument pour des spectacles d’envergure.
C’est ne pas tenir compte des besoins de stationnement, des obligations handicap et de l’insécurité financière d’une programmation culturelle totalement aléatoire.
Et c’est (sans que la liste soit exhaustive en matière de risques), miser naïvement sur un transfert de compétences culturelles vers une régie privée de spectacles, sans que la moindre étude de rentabilité ne soit même commencée.
Thermes et aqueducs ne sont pas mieux lotis.
Tous les habitants et visiteurs savent aussi combien les thermes sont totalement abandonnés dans notre cité. On parle de « Saintes Romaine » imaginant que quelque spectacle lyrique dans l’amphithéâtre transformera Saintes en une belle Vérone, sans prendre la mesure des dangers de l’abandon d’un tel autre site antique, pourtant lui aussi situé en plein cœur de ville.
Quant à l’extraordinaire mise en histoire des aqueducs de Mediolanum, travail sans précédent réalisé par la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente Maritime et en particulier l’archéologue Jean- Louis Hillairet lors des dix dernières années, il nous reste l’espoir que le futur EPIC, établissement public qui va prendre le relai en matière d’organisation touristique en remplacement de l’association Office du tourisme, trouve enfin le moyen de réconcilier les instances de la Cda et de la Mairie de Saintes.
Inventer la ville romaine ?
Au-delà de tous ces questionnements autour de la restauration et la véritable valorisation de nos monuments antiques, reste donc l’incroyable erreur de stratégie de développement touristique pour la valorisation de la collection lapidaire de Saintes.
Et si ce n’était pas inquiétant, on se prendrait à sourire de voir que ce sont des habitants royannais passionnés qui voudraient maintenant construire sur 5 hectares une réplique de cité gallo-romaine ! (voir Sud-ouest du 26 avril 2019)
Faisons du quartier Saint Louis un remake de l’architecture brésilienne à la Neimeyer et nous pourrons dire que les dieux ont marché sur la tête en inversant les identités de chacune de ses cités !
Saintes, on ne le répètera jamais assez, a besoin urgemment de se relever et de mettre enfin en économie touristique, son identité patrimoniale, archéologique et historique par la construction d’un grand, innovant et unique « Musée de la Capitale romaine » de l’ancienne et la Nouvelle Aquitaine.
Et ce n’est pas là encore en bredouillant quelques hypothèses en faveur de la conservation de notre collection dans le triste site de la Trocante ou dans d’autres dépôts surchargés, que nous saurons-nous relever.
Quelle absurdité alors de laisser le dépôt de Lormont et la Trocante en perspective comme lieux de conservation alors qu’avec un peu de cohérence, futur musée, site de conservation et amphithéâtre peuvent s’harmoniser sur un seul projet en lien avec le quartier Saint-Louis !
Préservant le Vallon des Arènes, il ne faudrait que quelques pas et un peu de bon sens pour faire du terrain que la mairie propose comme localisation du futur musée (au-dessus de l’amphithéâtre), l’implantation d’un nouveau centre de conservation.
Prenez finalement le projet municipal, restaurez et valorisez les monuments, inversez les sites choisis par la ville pour la construction du musée entre Saint Louis et l’amphithéâtre, enlevez l’affreuse idée des gradins …et vous aurez enfin le début de la cité romaine !
La collection lapidaire de Saintes est la seule chance, le « trésor saintais » qui permettra à la ville de s’inscrire dans un grand et durable avenir touristique. Comprenons alors que la présentation de cette collection lapidaire, une des plus importantes de France, doit dépasser le débat municipal et les promesses d’une future campagne.
Nous retrouverons alors l’espoir que d’autres projets plus sérieux que les gradins pourront enfin être proposés.
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