Le projet de construction de gradins dans l'amphithéâtre de Saintes, un envers de décor « super béton » !
Rappelons-nous les formidables soutiens et la participation des citoyens lorsque MédiaCtions a ouvert pétition contre le projet municipal de transformer l’amphithéâtre en salle de spectacles à ciel ouvert, pour une jauge de 5000 spectateurs. Plus de 8000 signatures ! Idem, lorsque le journal Sud-Ouest a lancé un « référendum local » pour ou contre les gradins (résultat ci-dessous). Mais depuis, quid de la concertation citoyenne et du respect de l’avis des habitants, car plus que jamais les gradins restent d’actualité.
La rumeur…
Pour contrer le sérieux de nos questions et observations circule la rumeur que nous serions opposés à la restauration du monument et contre des spectacles en son enceinte. Voilà des propos aussi diffamatoires que réducteurs. Bien sûr que nous sommes pour le sauvetage du monument et c’est peu dire. Bien sûr que nous sommes aussi pour l’organisation de spectacles après la restauration. En mars 2018, nous avons élaboré avec la SahCM, une « Charte Consensuelle autour de la valorisation, la restauration et les usages de l’amphithéâtre antique de Saintes », charte signée par de nombreuses personnalités en lien étroit avec le patrimoine et sa sauvegarde et qui définit parfaitement notre position.
Sondage dans un article Sud Ouest de février 2018
Où en sommes-nous ?
Grâce aux fouilles préventives obligatoires avant toute pioche, il a enfin été mis en évidence l’importante dégradation du monument et l’urgence de sa restauration. Cette urgente restauration, nous l’avions implorée et nous l’applaudissons, même si la municipalité a changé sa communication et « son béton » d’épaule en s’annonçant comme les sauveteurs du site. C’est unanimement que nous avons été enchantés de l’inscription du monument au « Loto du Patrimoine 2019 ».
Et nous sommes tout autant d’accord avec l’évidente obligation de faire revivre l’amphithéâtre, en conjuguant histoire et modernité. Le projet de gradins a cependant continué son chemin et se retrouve sournoisement simulé comme « acté » dans le projet cœur de ville et l’Opération de Revitalisation du Territoire (ORT). La stratégie de « l’Amalgame », mise en place par la ville, associe dans sa communication la restauration et le projet des gradins et omet de préciser que les études obligatoires n’ont pas encore été toutes menées. Dans une période de campagne préélectorale, cet amalgame arrive… à points nommés.
Un trompe-l’œil pour une végétation très bétonnée.
Après l’idée du bois, de l’acier Corten, de fausses comparaisons avec le monument de Nîmes ou d’ailleurs, nous voilà désormais avec des « assises végétalisées » pour 4000 personnes... De jolis mots ayant le goût amer d’une communication d’entreprise en flagrant délit de « greenwashing », des mots qui cachent une vérité entièrement « bétonnée ».
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MédiaCtions s’est posé la question et a recueilli des explications complémentaires auprès de la société maîtrise d’œuvre Sunmetron, présente à l’amphithéâtre pour les journées européennes du patrimoine. En réalité, sous les 4 000 assises « végétalisées » seront installés dans la quasi totalité de la cavea, des plots et plaques de béton.
C’est sur les plots de béton fixés en sous-sol à même le remblai ou la roche, que les assises des gradins seront posées. Ces assises seront ensuite recouvertes de plaques en acier thermo-laqué. C’est sur la surface des plaques de béton qu’une couche d’apparat en gazon sera « implantée ».
En finalité, les images de simulation qui nous sont présentées, montrent la petite épaisseur de verdure en surface vue d’avion ou de drone, mais ne représentent absolument pas ce que verra le visiteur « terrien » et ne dit rien du sous-sol totalement transformé en gruyère de béton.
Perspectives des "assises végétalisées" projetées (© Sunmetron)
Comme chantait tristement l’animal condamné dans l’arène … « Est-ce que ce monde est sérieux » ? A l’heure où le monde entier est interpellé par l’urgence de la préservation des sites naturels, le sacrifié dans ce scénario saintais en béton, c’est bel et bien l’amphithéâtre tout entier.
Qui pourrait croire que les tonnes de béton seraient aussi réversibles ? Nous vous laissons juge des assises « confortables » de 25 cm de profondeur et sans dossier!
Oui, nous posons la question : Est-ce que ce monde est sérieux ?
Il y a cent ans, nos ancêtres jouant Shakespeare ou contant Goulebeneze, s’amusaient dans l’amphithéâtre, sans avoir les questions que notre génération se doit inévitablement de se poser. La comparaison avec les spectacles d’antan est aussi puérile qu’absurde, face à la gravité des questions d’environnement d’aujourd’hui. Mais, jamais oh non jamais, dans toute l’histoire de la ville de Saintes, quelle que soit l’époque, il n’a été un seul élu, aucune femme, aucun homme, qui aurait osé faire de notre amphithéâtre une fosse à béton et un cercueil au passé.
Il serait tant à faire, tant à améliorer, à construire et à inventer intelligemment dans et autour de l’amphithéâtre, sans qu’il soit nécessaire de le sacrifier !
