Groupe citoyen pour la préservation des patrimoines culturels et naturels
Tapisserie de la Genèse, JF Favre - (7ème jour)
Les tapisseries de la Genèse
sur les murs de l’Abbaye-aux-Dames :
" Patrimoines ou Partis pris"
Au sein de notre association, la "Soirée des adhérents'' n'est ni une conférence ni une assemblée générale, mais une rencontre-débat permettant de confronter nos travaux et notre parole publique aux points de vue de nos adhérents. Il nous importe en effet de conforter nos propos et nos revendications patrimoniales avec les avis des membres de l'association, alors que la crise sanitaire nous a privés de rassemblements pendant de nombreux mois.
C'est donc lors de notre rencontre du 21 janvier 2022 que nous avons abordé le thème des tapisseries de la Genèse sur les murs de l’Abbaye-aux-Dames.
L'Abbaye-aux-Dames accueille un ensemble de 13 tapisseries conçues par Jean-François Favre sur le thème de la création du monde : "La Tapisserie de la Genèse". Créées à l’origine en 1982, selon le dessein du directeur du Festival de musique ancienne, elles ont été réalisées par plus de 700 personnes de 1982 à 1990 sous l’égide de la paroisse Saint-Pallais, s’inscrivant ainsi progressivement depuis 40 ans dans l’histoire de l’Abbaye-aux-Dames.
Les 12 premières tapisseries, de 3 m x 1,80 m chacune, placées dans la nef de l'abbatiale, évoquent les étapes de la création. Dans le transept sud, la 13ème tapisserie, de 6 m x 3,60 m, célèbre les sept jours de la création.
Nous avons unanimement acté notre soutien patrimonial aux tapisseries de la Genèse, déjà par deux fois retirées de l'édifice religieux sans qu'aucun souci de traitement et de conservation ne soit sérieusement étudié.
Bien entendu, notre positionnement ne correspond en rien à du prosélytisme religieux, mais il témoigne de notre volonté de demander la préservation d'un mobilier patrimonial en harmonie iconographique avec l'édifice. Il est aussi un acte de respect pour l'artiste, l'association gérant les tapisseries et le très important collectif de personnes ayant passionnément travaillé à la réalisation de ces œuvres.
Tapisserie de la Genèse, JF Favre (6ème jour)
Leur enlèvement est d'autant plus saugrenu qu'il n'est rien proposé de crédible en remplacement sinon des drapeaux blancs qui ne sont pas forcément, pour l'heure, symboles de concorde et d'harmonie. Leur enlèvement est d'autant plus inattendu que l'idée de les transmettre spontanément à un musée n'est pas crédible, tant du point de vue du Code du patrimoine et de l'inscription sur les inventaires d'un Musée de France qu'en fonction de la place disponible dans nos musées.
De notre point de vue, les tapisseries de la Genèse sont devenues patrimoniales et identitaires, ayant pris place, au fil du temps, dans l'histoire du monument. Et du témoignage de notre présidente C. Trébuchet, guide conférencière :
"Les tapisseries de la Genèse ne laissent personne neutre lors de la découverte de l'intérieur de l'église abbatiale. Elles singularisent le monument dans l'esprit des visiteurs, alors que celui-ci a bien du mal à se raconter. Au-delà des audio-guides imposant la concomitance de l'histoire du site à la partie musicale, il n'est plus guère d'événements historiques ; l'abbaye y perd peu à peu son âme en oubliant de partager ses origines".
Et s'il était quelque chose à "bouger" nous serions plus enclins à pousser le carrousel musical vers un autre lieu.
Le sentiment esthétique ou religieux est une affaire privée. Le patrimoine, lui, est un bien devenu collectif et ce n'est pas un débat de susceptibilités qui pourrait en justifier la mise au rebut.
Les Iconoclastes ! (Extrait de la fresque historique de Jean Jacques Martin)
Votre association MédiaCtions - 15 février 2022
En savoir plus ?
Après avoir fait décrocher 13 tapisseries modernes de la Genèse, le père Guillaume Salin, curé de la paroisse de l'Abbaye-aux-Dames, a mis son véto à la tenue d'un concert programmé par Alain Pacquier; celui qui a fondé, voilà 50 ans, le festival de Saintes, réagit sur France Musique:
"Ce n'est pas sérieux !"
Telle est la réaction d'Alain Pacquier quand l'abbé Guillaume Salin lui a fait savoir que "l'orchestre invité n'était pas capable d'interpréter des chants liturgiques pour au moins 50% du concert".
Pour l'ancien journaliste qui a fondé, voilà cinquante ans, le Festival de Saintes (dont il n'est plus directeur artistique), "ce qui est grave dans cette histoire, c'est que l'on est face à un ecclésiastique supposé avoir une certaine culture et qui raconte n'importe quoi". La règle des 50% invoquée par l'abbé est "un mantra qui a vu le jour après les lois de séparation de l'Eglise et de l'Etat qui ne signifie plus rien, un droit canon d'avant Vatican II".
Alain Pacquier estime que "ce petit incident illustre un nouvel intégrisme d'un certain nombre de prêtres qui se raidissent sur l'idée que les sanctuaires, dont ils sont affectataires, puissent devenir des salles de concerts". Pour lui, "ce genre d'évènement ne devrait pas exister à l'Abbaye aux Dames quand on sait ce qu'est le mariage entre la vie musicale et ce bâtiment ou les autres églises de Saintes".
Ce dernier ajoute que "ce sont les élus qui doivent réagir avec le ministère de la culture, car ce sont eux qui paiyent les travaux des restaurations des églises, d'autant plus que l'Abbaye aux Dames entre dans une phase de travaux importants".
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